A quelques centaines de mètres de Missillac, à la lisière occidentale de la forêt de la Bretesche, près du lieu-dit nivillacois actuel de Moutonnac, fut édifié, au tout début du christianisme en Gaule, un prieuré de religieux qui a subsisté pendant des siècles au flux et reflux des civilisations, aux invasions, aux guerres civiles et aux révolutions qui mirent si souvent cette région à feu et à sang.
Que reste-t-il aujourd’hui de ce monastère de Sainte-Marie de Moutonnac ?
Presque rien. Seul subsiste, à l’est de la ferme moderne, un vieux corps de logis aujourd’hui grange, qui fut, sans doute, la demeure du prieur, et dont les deux fenêtres étroites portent encore les stigmates des ans révolus. Ces deux ouvertures sont surmontées, l’une d’une simple moulure en creux et l’autre de la même moulure, surmontée d’une accolade. A l’intérieur de ce bâtiment, on voyait encore, il y a quelques années, une grande cheminée dont le manteau reposait sur les chapiteaux de deux colonnettes à bases de granit, garnies d’une moulure verticale en relief.
La chapelle du monastère, orientée à l’est, s’élevait au nord-ouest de la demeure du prieur. L’édifice s’étendait sur une longueur de 12 à 15 mètres et une largeur de 6 mètres. Cette chapelle, élevée à la fin du XVIe siècle, en remplaçait une autre certainement beaucoup plus importante, détruite par les calvinistes.
C’est dans le cartulaire de ce monastère qu’on a découvert l’existence du prieuré, document qui rapporte les événements marquants de ce lieu et les dons qui y ont été faits. Le texte original de ce cartulaire fut rédigé en écriture du XIIe siècle sous le règne du Capétien Louis VI le Gros, roi des Francs et celui d’Alain Fergent, duc de Bretagne, et porte de sceau d’Eudon Ier, baron de 1146 à 1180, ainsi que l’approbation de quatre évêques successifs de Nantes.
D’après le cartulaire, le premier prieur qui prit possession de Moutonnac est Rivallon, qui vécut jusqu’en 1170. Ce nouveau prieuré a été un véritable couvent jusqu’au XVIe siècle – dépendant de l’abbaye Toussaint d’Angers – où vivaient plusieurs religieux, chanoines et simples religieux.
Le Prieur était désigné sous l’appellation de « Prior curatus », chargé non seulement du couvent, mais aussi des habitants des environs. Une bulle du pape Boniface IV du 27 février 610 avait autorisé les moines à remplir des fonctions paroissiales.
Après l’installation à Moutonnac, les donations des seigneurs et de simples particuliers se multiplièrent au cours des XIIe et XIIIe siècles afin d’assurer la subsistance des habitants du prieuré.
(Renseignements extraits d’un article de M. Marcel GRAYO figurant dans la revue historique locale « Le Ruicard » n° 34 du premier trimestre 1984)