1er mars 1815. Napoléon revient de l’île d’Elbe. Il lance dès le 11 avril suivant l’Acte impérial ordonnant la levée de nouveaux conscrits. Cette mesure entraîne alors une révolte immédiate chez les jeunes, qui va être l’étincelle déclenchant, contre l’Empereur rentré à Paris, ce que l’on appela la Petite Chouannerie… troisième du nom.
Les forces en présence
Du côté napoléonien, le général en chef est Rousseau, secondé par le général Bigarré. Il devient commandant du Morbihan le 26 mars 1815. Ces deux généraux sont prudents et pacifistes. Ils temporisent les premières semaines. Leurs troupes, insuffisantes, sont souvent de nouvelles recrues, les armes et munitions manquent.
Les royalistes, de leur côté, sont aussi démunis. Ils désignent comme chef un ancien lieutenant de Cadoudal, de Sol de Grisolles. Ils sont rejoints par 400 élèves du collège Saint-Yves de Vannes, entrés en rébellion contre les impérialistes. A noter que ce collège sert de creuset recruteur au clergé diocésain. Cette armée, très hétéroclite, aura de 12 000 à 16 000 hommes au gré des circonstances, avec, il faut bien le remarquer, beaucoup plus de bonne volonté que de moyens. Les effectifs sont au début trois fois plus nombreux que ceux de l’armée impériale.
Les opérations
Les véritables affrontements en Morbihan ne se produiront que vers la mi-mai 1815.
Après une première victoire remportée par l’armée de Grisolles à Sainte-Anne d’Auray dans la nuit du 25 au 26 mai, des affrontements sanglants auront lieu les 9 et 10 juin. Une fois encore les royalistes sont vainqueurs.
Et, le 11 juin, ainsi qu’il avait été prévu plus tôt, s’opère le débarquement de Foleux, village sur la rive ouest de la Vilaine, situé à mi-chemin entre l’estuaire et Redon. Aujourd’hui, une partie du port de plaisance du site de Foleux est installée sur la rive côté Nivillac.
En 1815, le village était une sorte d’escale dans la navigation fluviale propice à des débarquements de marchandises remontées jusque là par de petites barques, et prolongeant, depuis Pénestin, leur route au-delà de La Roche-Bernard. Retiré dans un retranchement en contrebas du château de Lehellec, sa situation privilégiée ne pouvait qu’attirer et retenir l’attention de quiconque voulait profiter du mouvement des marées pour transporter depuis la mer toutes les denrées susceptibles d’être acheminées vers l’intérieur.
C’est ainsi que, dans la journée du 11 juin 1815, va pouvoir s’opérer en toute tranquillité le transbordement des secours en provenance de la flotte anglaise qui croise aux abords de Pénestin. Ce qu’on a appelé le « débarquement » de Foleux. Une centaine de petites embarcations vont effectuer durant toute la journée, au gré des marées, la navette entre l’embouchure du fleuve et le petit port de Foleux. La quantité des munitions débarquées sera très importante. Grisolles pourra ainsi continuer les combats contre les troupes impériales toujours en place.
La fin des combats
On se battra jusqu’au 9 juillet dans le Morbihan, alors que depuis le 18 juin le sort de Napoléon est définitivement réglé par sa défaite de Waterloo. Louis XVIII retrouvera son trône après la deuxième abdication de Napoléon, ce qui fera cesser tous les combats locaux désormais inutiles : trois semaines de guerre pour rien…
Le débarquement de Foleux n’aura donc été qu’un épisode de cette petite chouannerie de 1815.
(Renseignements faisant l’objet d’un article de M. Pierre LECUYER et extraits de la revue historique locale « Le Ruicard » n° 76 du 3ème trimestre 1976).